En langue des signes, j'aimerais apprendre à crier "gros con" !
Alors celle-là, elle est raide ! Et je ne parle pas de la barre chocolatée que je croquerais après avoir lu les articles qui font référence à votre nouvelle sortie grossophobe sur BFM TV en avril dernier, à propos des dames qui traduisent en langage des signes, les discours de M. SALOMON.
Grâce à votre intervention médiatique, en quelques mots et une minute chrono, elles auront en tête, lors de chacune de leurs apparitions télévisées, l'image d'elles que vous véhiculez. Bravo !
Il y avait eu Emmanuel LECHYPRE et les Pokémon, il y aura Christophe BARBIER et les dames qu'il juge en surpoids.
Mais vous êtes un habitué du tacle et de la déglingue sans objectivité, ni recul et l'hubris que vous reprochiez au président Macron semble vous être montée à la tête ! Difficile de croire pourtant que c'est récent. Il y a 10 ans déjà, vous confortiez la position d'Air France qui envisageait de faire payer double place aux personnes obèses. Mais dans votre mansuétude à deux balles et du haut de votre mincitude, vous incitiez à faire le distingo entre la grosse feignasse qui ne quitte pas son canapé en bouffant des burgers arrosés de soda, et celle dont le passé génétique serait la cause de sa dégradation physique …
Abruti et tellement réducteur. J'aime à croire que le rouge qui devrait vous monter au front, vous le portez autour de votre cou. Méfiez-vous de ne pas vous étrangler avec !
Vous faites partie de la société bien pensante dont la vision étriquée n'a d'égale que sa maigre faculté de réflexion et votre œil inquisiteur qui juge sans savoir, fait un mal de chien aux corps comme aux âmes que vous malmenez et méprisez, en les maintenant dans un engrenage morbide. Mais vous réussissez votre travail de sape car les personnes obèses hésitent pour tout. Voyager et se cultiver sont des combats. Les accès comme les sièges sont inadaptés. Aller à la piscine ou dans une salle de sport restent une gageure ; il n'y a qu'à apprécier les publicités scandaleuses autorisées sous couvert d'un humour "gras" et relayées par la plupart des médias. Aller au restaurant relève d'un défi, sauf à y manger une feuille de laitue et encore sans vinaigrette car il ne s'agirait pas d'être gros et gourmet ! S'habiller avec élégance est un parcours du combattant sur lequel la couleur de ta carte bancaire est le critère pour choisir entre des vêtements de qualité ou des sacs informes. Et maintenant, travailler en période de pandémie au Covid 19, puisque le venin que vous crachez stigmatise un peu plus les gros, les culpabilisant d'exister pour la Communauté.
Si on parvient à dépasser tous ces signes discriminatoires, on vit le mieux possible en méprisant tout ce que vous représentez. Mon amie Agnès qui elle, me connaît très bien, m'a dit un jour "tes kilos en trop, ils sont beaux, ils sont musclés !"
Figurez-vous M. BARBIER que je pédale depuis plus de 20 ans pour tous mes petits et moyens déplacements. Pire, je fais des longueurs de bassin plusieurs fois par semaine et j'emmerde tous ceux qui jugent qu'au delà d'un 42, un maillot de bain devrait se cacher. Je voyage, je fais de la plongée, je m'habille pour me sentir belle, je visite des expos d'art contemporain, je photographie sur des spots de street art … Bref, je vis en faisant fi des gens comme vous qui enfoncent la tête des plus affaiblis sous l'eau, pour pouvoir occuper une place creusée sur du fumier.
J'ai eu mon lot de méchancetés gratuites et de jugements hâtifs, de remarques désobligeantes d'inconnus décérébrés, de certaines qui se disaient amies, de collègues de travail trop stupides, de médecins sélectifs, quelquefois même de la famille. Tous ces bleus invisibles qui envahissent votre être au point de croire que vous n'êtes rien d'autre qu'un poids et un tour de taille.
- Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une - Raphaëlle GIORDANO
Notre vie a autant de valeur que la votre M. BARBIER et nous ne comptons pas pour le beurre que vous pensez être notre quotidien ! Ce qui pèse le plus sur la balance, c'est notre capacité de résilience, notre sourire en pleurs pour supporter le poids physique et celui des mots.